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A quoi sert de manger ?
Apaiser la faim semble le premier but de la nourriture. Mais le véritable objectif est de fournir chaque jour les éléments indispensables à la vie de nos 60 000 milliards de cellules. L'estomac vide fait des bruits. En réalité c'est le cerveau qui a donné l'alerte. Il a détecté un manque de sucre dans le sang et a déclenché l'envie de manger. Dès la première bouchée les goûts et les odeurs calment le cerveau. Au bout d'une vingtaine de minutes, l'estomac exprime aussi sa satisfaction par des signaux chimiques et nerveux. Le foie, le pancréas, et l'intestin confirment chacun à leur tour le message : « J'ai assez mangé ». Le corps est prêt à attendre le goûter … du moins si le repas sait répondre à ses besoins. Car d'un menu : carottes râpées-steak-pâtes-pain-camembert-pomme, l'organisme devra tirer de quoi respirer, rester chaud, grandir, lutter contre les microbes, jouer au foot ou rédiger un texte. Les morceaux d'aliments sont d'abord changés en bouillie liquide. Puis ils sont décomposés en éléments assez petits pour traverser la paroi de l'intestin. Charriés par le sang, ils s'en vont prendre place dans l'organisme. Les glucides (sucres des pâtes, du pain, du fruit) fournissent de l'énergie. Les protéines du steak et du fromage fabriquent des os, de la peau, des cheveux, des membranes de cellules, des anticorps, des hormones, etc. Les lipides (gras de la viande et du camembert, huile des carottes, beurre des pâtes) assurent le fonctionnement des systèmes nerveux, sanguin, hormonal et de défense contre les maladies. Des microdoses de vitamines et de minéraux sont demandées un peu partout. Or, le corps ne sait pas les fabriquer. Il doit les trouver dans les aliments, mais sans être gêné par des substances anti-nutriments comme les colorants, les pesticides, l'huile frite, l'alcool ou la fumée de cigarette. Prévoyant, l'organisme met en réserve les sucres et les corps gras qu'il n'utilise pas immédiatement. Le reste -les fibres des pâtes, du pain, des carottes et de la pomme- est éliminé, jouant au passage l'effet d'éponge nettoyante des substances toxiques.
A quoi servent les satellites ?
Les satellites sont des engins envoyés dans l'espace. Ils reçoivent puis émettent des programmes télé, des données météo ou ils prennent des images de notre planète. Si tous les satellites tombaient en panne on n'aurait plus la météo ! En plus, les images envoyées à partir des autres continents par la télé n'arriveraient plus en direct. On ne verrait que des matchs en différé. Mais on garderait internet. Tout ne s'arrêterait pas ! En effet, 80 % des infos du Net circulent par des câbles ou des fibres optiques enterrés dans le sol ou au fond des océans. On pourrait toujours écouter la radio qui est diffusée par des ondes. Les satellites relient les humains. Le système GPS utilise 30 satellites pour couvrir notre terre. Ainsi l'avion utilise ses GPS pour se repérer. Ils donnent aussi notre position sur la route. Le GPS de la voiture donne sa position en calculant le temps mis par les signaux de 4 satellites pour l'atteindre. Ils surveillent aussi les récoltes. La moissonneuse enregistre toutes les 2 secondes sa position et la quantité de grains récoltés. L'agriculteur connaît alors les endroits où ça pousse le moins et où il devra ajouter l'engrais. La terre est entourée d'un brouillard de satellites. Il y a plus de 2500 satellites en activité autour de la terre.
Arbre aux deux branches
Sur la place d'un village dans le sud de l'Inde, il y avait un arbre prodigieux. N'allez pas imaginer un arbre de cent mètres de haut. Cet arbre n'a que deux branches... Deux belles branches charpentières, comme deux bras ouverts, comme une invitation à la vie. Au pied de l'arbre on trouve des offrandes de toutes sortes : guirlandes de fleurs, friandises, objets insolites… en remerciement pour tous les vœux exaucés. Sur ces deux branches, l'arbre donne des fruits sublimes, gros comme des papayes, dorés comme des mangues, juteux comme des ananas. Une branche donne la vie, l'autre donne la mort. La droite ou la gauche ? Or, les villageois ont oublié depuis bien longtemps de quel côté sont les bons fruits et de quel côté sont les fruits empoisonnés... Cette année-là, un printemps très sec, suivi d'un été trop chaud assèche la terre. La région est touchée par la sécheresse. La sécheresse est associée à une famine. Les villageois ont faim. Seul l'arbre, sur la place du village, reste imperturbable tel un patriarche, avec toujours autant de fruits sur ses deux branches que d'étoiles dans le ciel. Ils ont redoublé de prières et d'offrandes. Personne n'ose risquer de perdre la vie en choisissant un fruit sur une des deux branches. Pourtant, un jeune homme va prendre le risque, courageux et héroïque, pour aider ses amis à traverser cette période difficile. Tout le village est rassemblé en cercle autour de lui. Il se dirige vers l'arbre, vers la branche de droite. Il choisit un fruit, ferme les yeux, le porte à la bouche. Le fruit est délicieux.  Aussitôt les villageois se précipitent vers l'arbre et se gorgent de ces fruits sublimes qui comme par miracle repoussent aussitôt, dès qu'ils sont cueillis. Puis ils commencent à regarder la branche de gauche avec un air de défi, un air de provocation. Ils finissent par se dire que cette branche est nuisible… il faut s'en débarrasser. La décision est prise à l'unanimité. Les villageois scient la branche à ras du tronc avec une joie vengeresse.  L'arbre, amputé d'une de ses branches, n'offre plus au soleil du matin que des feuilles racornies. Les oiseaux le fuient. L'écorce se dessèche.  L'arbre est mort. 
Arbres et forêts
Il y a 390 millions d'années, l'aventure des forêts commence. Ce monde fascinant et mystérieux, encore partiellement ignoré, est celui de 4 milliards d'hectares peuplés d'arbres qui couvrent 30% des terres de notre planète. Le milieu forestier est un laboratoire alimenté par l'énergie solaire stockée comme dans une pile -le bois- fabriqué avec du dioxyde de carbone (CO2), de l'eau et des matières nutritives puisées dans le sol. Secs ou humides, ensoleillés ou pas, les roches et les sols mis à nu sont occupés par des végétaux dits pionniers parce qu'ils s'installent avant les autres et forment le premier humus. La roche-mère se dégrade sous l'effet combiné du gel, de la chaleur, de l'eau et du vent. Ce dernier apporte les spores des champignons, des mousses, des lichens et des fougères. Sur les rivières et les océans naviguent les graines flottantes qui s'installent sur les rivages, les plus légères étant transportées par les fientes et le plumage des oiseaux migrateurs. Une phytocénose, une communauté végétale, s'installe en fonction de la ressource en eau. Une flore diversifiée puis des arbustes et des arbres pionniers colonisent ces milieux nus. Cette mosaïque végétale évolue, sa complexité aussi : l'arbre, puis la forêt résulte de ce processus. En forêt, la transpiration végétale représente 25 à 50 m3 d'eau par jour et par hectare. Avec l'évaporation du sol et des eaux de surface, elle constitue l'évapotranspiration générale qui forme les nuages. Le sol forestier est une éponge qui régule la circulation de l'eau, recharge les réserves souterraines et alimente les sources. La forêt est aussi protectrice d'oxygène et fixe le carbone de l'air. Les cimes des arbres freinent les vents violents qui en renversent d'autres, plus fragiles. Le cycle de reconstitution végétale s'enclenche alors. La forêt est aussi un conservatoire d'espèces animales et végétales encore méconnues, un réservoir de biodiversité génétique important, un climatiseur pour les sols. Grâce aux champignons, aux bactéries et autre micro-faune, le sol forestier est une usine qui recycle les matières organiques puis restitue les éléments nutritifs au sol, dans lequel se développent les racines. Elles pompent l'eau, les sels minéraux et stabilisent l'arbre qui grandit.
Arc-en-ciel
L'arc-en-ciel est probablement l'un des phénomènes optiques et météorologiques le plus beau à observer. L'arc-en-ciel est un phénomène optique dû à la réflexion, la réfraction et la dispersion des radiations colorées composant la lumière du soleil à travers les gouttes de pluie. En fonction des cultures, on considère qu'il présente entre 3 et 9 couleurs. En Occident, on en dénombre généralement 7 : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet. Mais ceci ne représente qu'une infime partie des couleurs. En effet, certaines d'entre elles ne sont pas perceptibles par l'œil humain et d'autres ne sont pas assez différentes des couleurs voisines pour être différenciées, ce qui explique que notre organe ne voit qu'un nombre limité de couleurs. Deux personnes ne verront jamais le même arc-en-ciel. Pourquoi ? Parce que les gouttelettes d'eau au travers desquelles passe la lumière sont constamment en mouvement. Aussi, leur aspect change et les radiations lumineuses rebondissent avec des angles complètement différents en fonction du moment. De plus, si toutes les gouttes de pluie réfractent et reflètent la lumière, c'est seulement la lumière d'une petite partie des gouttes qui va atteindre l'oeil de l'observateur en fonction de sa position. Si un arc-en-ciel a besoin des rayons du soleil pour se former, comment peut-il apparaitre la nuit ? Lorsque la lune pleine ou quasiment pleine pique la place du soleil. La lumière qu'elle émet frappe de même les gouttes de pluie ou d'humidité et provoque l'apparition du spectre lumineux. C'est ce qu'on appelle un arc-en-ciel lunaire mais celui-ci est bien plus pâle que la forme traditionnelle. De plus, la nuit doit être bien dégagée pour que l'arc-en-ciel puisse apparaitre. Il est impossible d'atteindre la fin d'un arc-en-ciel. Vous pouvez essayer de vous déplacer, de changer d'angle, il est impossible d'atteindre la fin ou le "pied" d'un arc-en-ciel. Pour la simple et bonne raison que les radiations colorées qui forment le phénomène dépendent de la distance et de l'angle auxquels se trouve l'observateur. Si vous bougez, l'arc-en-ciel bouge avec vous. C'est pourquoi certaines légendes affirment qu'il y a un trésor caché au pied des arcs-en-ciel.
Chichois
Papa s'appelle Damien, Damien Bouscau, comme moi. Maman s'appelle Stéphanette. Papa, il rit toujours. C'est un type sympathique. Même que je n'aie que 10 ans, il m'emmène sur l'esplanade du fort Saint-Jean, pour faire équipe avec lui, aux boules. Moi, je pointe ; lui, il tire. Il fait sauter le bouchon à dix mètres. Avec mémé Za, je joue à la belote. Comme elle triche, je crie et elle me flanque un coup de torchon. Je ne sais pas comment elle fait, elle a toujours un torchon avec elle, comme un cow-boy a son révolver. Si, un jour, il y a une épreuve de torchon aux Jeux olympiques, sûr que mémé Za elle a la médaille d'or. Jamais elle ne rate son but, même quand elle lance le torchon à travers la cuisine. Il part et il s'ouvre comme une aile, et paf ! Il vous atterrit en pleine figure. Mamie Marie-Louise, elle, avec les torchons, elle essuie la vaisselle. Des fois, elle s'essuie les yeux quand elle a perdu au loto. Pour la consoler, je lui dis : « Viens, on va en faire un autre. » Elle m'embrasse. Je l'aime bien, elle est douce, elle. Elle n'a pas de mari, je crois qu'il est mort, lui aussi, comme pépé Baptistin mais je ne sais pas de quoi. On ne parle jamais de lui. Il n'y a que mamie Marie-Louise qui doit y penser et c'est ça qui la rend triste. On vit tous ensemble au 10 de la rue des Mauvestis. C'est un vieux mot qui veut dire « les mal habillés », mais on est bien habillés, sans trou, tous les cinq, et on a la télévision. Mémé Za et mamie Marie-Louise couchent dans la même chambre où il y a un grand lit. Papa et maman couchent dans la chambre bleue. Et moi je dors sur le canapé de la salle à manger. Le soir, toute la famille est assise sur le canapé pour regarder la télévision. Quand c'est un film de cow-boys, je tiens jusqu'au bout, mais les chanteurs et les films d'amour, ça m'endort. Alors je me glisse derrière eux. Je me couche, j'ai quatre dos qui me cachent la télévision, surtout le dos de mémé Za ; il fait une ombre terrible. Je ne vois plus rien et je m'endors.
Chocolat
Le cacaoyer pousse dans les zones chaudes et humides des tropiques, en Afrique, en Amérique et en Asie. Il fleurit 2 fois par an. Les fleurs donnent des fruits appelés cabosses. Elles sont récoltées à la main, deux fois par an. Chacune contient 30 à 50 fèves violettes, entourées de pulpe. Ces fèves sont entassées au soleil, sur des feuilles de bananier ou dans des paniers puis recouvertes. Elles fermentent quelques jours. Cela permet de faire disparaître la pulpe et de développer l'arôme. Ensuite, les fèves sont séchées au soleil ou dans un four pour enlever le reste d'eau. Elles deviennent brunes. Mises en sachet, elles partent, par bateaux, principalement en Europe. Les fèves séchées vont à la chocolaterie. Elles sont stockées dans des silos et contrôlées. Puis, les coques sont brisées pour récupérer les amandes, qui sont les graines de cacao. Ensuite, celles-ci sont torréfiées, c'est-à-dire grillées dans des fours. Cela libère leur arôme et diminue leur humidité. Enfin, les amandes sont chauffées et écrasées dans des broyeurs. Il en sort la pâte de cacao. Elle a un goût très amer. Une partie de cette pâte est chauffée et pressée. Il en sort le beurre de cacao. Il est jaune pâle. Filtré, moulé et refroidi, il servira à la fabrication du chocolat en tablettes. Dans la presse, il reste des galettes rougeâtres appelées tourteaux. Elles sont écrasées jusqu'à obtenir une poudre très fine : la poudre de cacao. A cette poudre, sont rajoutés du sucre, de la vanille et des farines de bananes, de blé, d'orge, pour obtenir la poudre chocolatée que tu mélanges à ton lait au petit-déjeuner. Le reste de la pâte de cacao est mélangé avec une petite partie du beurre de cacao. Sucre et vanille, par exemple, sont alors ajoutés. Ce mélange se fait dans de grandes cuves appelées conches. C'est le conchage. La pâte, chauffée à 60 °C, est brassée, agitée, malaxée pendant 24 à 72 heures. C'est à ce moment que le chocolat prend sa finesse, son arôme. Le reste du beurre de cacao est ajouté à la fin du conchage. La pâte refroidie est répartie dans des moules qui passent dans un tunnel frigorifique. A la sortie, les tablettes sont démoulées.
Comment se protègent les animaux ?
Parmi tous les dangers qui menacent les animaux et les plantes, il y a celui d'être mangé. Certains animaux peuvent se camoufler alors que d'autres se cachent. Certains d'entre eux sont si rapides, qu'ils peuvent fuir face à leurs ennemis. Les plantes, qui ne peuvent pas fuir, ont développé d'autres moyens pour se protéger. Les piqûres et épines acérées en font partie. D'autres plantes ainsi que quelques animaux se protègent grâce à du poison qu'ils peuvent injecter. Ce poison n'est pas nécessairement mortel. Il est suffisant s'il leur évite d'être mangés. Quelques animaux, comme certaines mouches, se protègent en prenant l'apparence d'animaux venimeux. Dans le monde animal, une couleur particulièrement voyante indique généralement que l'animal n'est pas comestible. La guêpe par exemple a des bandes jaunes et noires.
Crin blanc
 « L'eau a encore baissé » pensa Folco. Le jeune garçon sentit sous ses pieds sa vieille barque vermoulue racler le fond de vase. C'était le mauvais passage entre les îles de boue. Folco connaissait bien tous les chemins d'eau de son marais de Camargue. Ce marais, c'était son merveilleux domaine. Souvent, le soir, comme aujourd'hui, il partait à la découverte, tout seul sur le barquet (petite barque) du grand-père Eusébio, tel un prince qui visite son royaume. Cet immense pays de ciel bleu et d'eaux calmes, c'était à lui, Folco. Le garçon était grand et musclé pour ses douze ans. Debout, à l'arrière de son bateau, les pieds nus bien calés contre le rebord de planches, Folco avait solidement planté sa perche (longue tige de bois sur laquelle on s'appuie pour faire avancer le bateau dans les eaux peu profondes) dans la vase. Il passa ses doigts dans cette broussaille de cheveux qui collaient jusqu'aux yeux à son visage tout mouillé de sueur. Puis, arc-bouté sur sa perche, il pesa de toutes ses forces pour faire avancer le bateau. Le barquet sortit enfin de cette marée de joncs (plante dont la tige est longue, droite et flexible). Il glissait maintenant sans bruit sur l'onde grise ; Folco était heureux. Il allait pousser jusqu'au fond du marais, vers les grandes terres qui attiraient le jeune garçon. Là-bas, au milieu de leurs pâturages vivaient en liberté les troupes de chevaux sauvages. Folco, parfois, les apercevait galopant crinière au vent, dans un nuage de sable et de soleil. Folco rêvait de ces merveilleux chevaux. Le grand-père Eusébio aurait voulu que son petit-fils soit pêcheur, comme lui. Mais non, Folco ne serait pas pêcheur. Plus tard il serait gardian (gardien de troupeaux de taureaux et de chevaux en Camarge). Il n'y a pas de plus beau métier que celui de gardian. On est à cheval tout le jour. On galope à la recherche de manades (troupeaux de bêtes en Camargue) de taureaux noirs... On capture et on dompte les chevaux sauvages.
Diable et paysan
En ce temps-là, les diables, jeunes ou vieux, avaient l'habitude, pour se distraire, de venir passer leur temps parmi les hommes. Un jour, un petit diable (il ne savait encore ni lire ni écrire) s'en vint trouver, afin de le tourmenter, un pauvre paysan qui travaillait sa terre. – Que fais-tu donc là, paysan ? – Comme vous voyez, je laboure mon champ... – Je vois, répondit le diable. Le malheur, c'est que ce champ n'est pas à toi ! Aux temps anciens, continua le jeune diable, tout ce pays nous fut donné, à nous autres diables. Toutefois, je n'ai guère de goût pour travailler la terre et j'accepte de te laisser le champ. Mais à une condition : c'est que nous partagerons le profit. – Je veux bien, répondit le laboureur, un peu effrayé. – Nous ferons deux lots : l'un sera ce qui poussera dans la terre, l'autre ce qui poussera dessus. Le choix m'appartient, dit encore le diable, car je suis de noble race et tu n'es qu'un paysan. Je choisis ce qui sera en terre, tu auras le dessus. En quel temps sera la cueillette ? – A la mi-juillet, répondit le laboureur. – En attendant, dit le diable, travaille, paysan, travaille : c'est ton métier ! A la mi-juillet, le diable, escorté d'une bande de petits diablotins, fut exact et se trouva devant un beau champ de blé. Aussitôt, le paysan se mit à moissonner et à lier de belles gerbes, pendant que les diables arrachaient péniblement les racines. Le jour du marché, le paysan vendit très bien son blé et sa paille, tandis que les diables ne tirèrent pas un liard de leurs tas de chaume. – Tu m'as trompé, cria le diable. Mais l'an prochain, il n'en sera pas de même. Que comptes-tu semer ? – Je pense semer des raves, dit le paysan. – Entendu, décida le diable, sème donc tes raves. Cette année, je prends ce qui sera sur la terre, tu auras le dessous. En attendant, travaille, paysan, travaille : c'est ton métier ! Bientôt revint le temps de la cueillette. Le petit diable et sa compagnie de diablotins se mirent à couper les feuilles. Pendant ce temps, le paysan empilait en gros tas les magnifiques raves. Au marché, le paysan les vendit facilement, tandis que le diable ne récolta que moqueries pour ses feuilles fanées. Il en fut tellement vexé qu'on ne le revit jamais plus au pays.